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Les volutes s’échappent du bout rougi de sa cigarette. Tu ne peux détacher tes yeux de la fumée volatile, inspirant au passage un peu de cette vapeur qui te brûle le nez. Une voix te parvient comme un écho :

« Alors, qu’en dites-vous, demande-t-il? »

L’homme est calme et assuré. Tu fixes sa bouche charnue légèrement humide, qui se termine en un sourire aguicheur :

« Alors qu’en dites-vous répète-t-il ? »

Les bruits aux alentours te déconcentrent ; le carillon de l’horloge, les couverts qui claquent dans les assiettes, l’ébullition du café :

« Quoi, interroges-tu enfin ? »

Ton timbre est plus aiguë qu’à l’accoutumée Tu minaudes presque. Tes cils bordés de noir battent de manière séductrice. Ta langue vient humecter ta lèvre inférieure. Impossible de se rappeler comment tu es arrivée là, ni d’où sort cette robe des années 50 et ce vernis rouge rubis. L’afflux de sang monte à tes joues.

On se croirait dan un de ces dîners de films américains. Avec des hommes coiffés de chapeaux feutrés tous identiques. Lorsque tu te rend compte qu’il fait déjà nuit, une bougie s’allume entre vous. Enfin vos regardent se croisent ! Sa main, lourde, se pause sur le dos de la tienne. Il doit avoir la trentaine :

« Il faut se décider maintenant… souffle-t-il en se penchant vers toi. On ne peut plus attendre. »

Ses larges épaules remplissent aisément son costume noir. Tout serait presque trop lisse et trop parfait, sans cette petite cicatrice qui froisse son menton. À l’évidence il a un contrôle absolu sur sa personne et tout ce qui l’entoure… C’est pourquoi, lorsqu’il ordonne « Je vous emmène faire un tour. », tu ne cherches même pas à protester.

Il te vouvoie. Vous ne devez pas si bien vous connaître. A peine une impression de déjà vue t’envahit-elle.

« Je vous emmène faire un tour, répète-t-il ? » Pourtant il ne fait pas mine de se lever.

À la place son poing fermé se tend au dessus de la flamme. Il déplie ses doigts les uns après les autres, jusqu’à découvrir un petit bout de buvard bleu au creux de sa paume. Rien qu’un petit carré. Deux de tes doigts manucurés saisissent le papier. L’homme se recule dans sa chaise :

« Faites-moi confiance, Alice. Je vous emmène faire un tour. »

Toujours avec délicatesse, tu portes le poison à ta bouche puis ferme les yeux.

Bang ! Un feu d’artifice explose sous tes paupières ! Tu portes la main à ton crâne, douloureux. Tu viens de heurter un mur. Des tâches floues apparaissent devant toi. La chambre se dessine. Alors qu’un soupire s’échappe de tes lèvres. Puis un deuxième. Ton corps se tortille en vain, le sien t’a saisi te plaque contre le matelas.

Tu te rappelles la porte du taxi qui claque, le couloir de son luxueux appartement, la baie vitrée du salon et les lumières de la ville qui scintillaient bien loin.

Tu émets de nouveaux sons haletants. Tes bras sont lourds. Impossible de se mouvoir.

Lorsqu’il t’a fait visité, vous vous êtes immédiatement retrouvés dans la chambre blanche. Couette duveteuse, peinture au mur, chaise… tout avait l’air si virginal. Il t’a poussée sur le lit, tu n’as pas protesté. Pas non plus lorsque les cordes sont venues entraver les poignets. A peine as-tu émis un certain étonnement sur son agilité à les nouer.

Une profonde griffure a lacéré son torse.

En fait à bien y réfléchir, c’est toi, qui lui avait arraché sa chemise impeccable aux préliminaires ! Et c’est bien toi qui l’avait supplié de t’attacher pour ne pas le blesser encore, sous l’emprise de la drogue.

Tu te redresses tant bien que mal pour admirer ce corps dur qui te chevauche. Ses tétons pointent. Sa mâchoire carrée se crispe régulièrement. Il s’excite frénétiquement d’avant en arrière. Son biceps se contracte en cadence. La sueur de son front perle à ses cheveux. Une goutte descend ta colonne pour tremper de sueur le drap froissé. Alors tu te cambre, difficilement ! Une main puissante s’abat entre tes deux seins. Ton amant t’attire si fort à lui que ton pubis vient heurter son bas ventre. Les cordes brûlent tes poignets. Là encore, tu ne dis rien. Rien non plus quand il te mordille les tétons, bien que tu n’y sois pas très habituée. Tu sens tout , Tu ressens tout ! L’odeur de transpiration et de la laque dans ses cheveux, le goût de son membre resté dans ta bouche, et le frisson qui grimpe le long ton cou ! Le sang vient te cogner aux tempes. Ses coups sont lents et néanmoins habiles, juste le temps d’assimile la petite douleur quand il pousse son bassin à fond. On devine les contours larges de sa queue…

Brusquement, un dernier coup de reins te renvoie au noir, et dans un râle te voilà qui jouis.