Nous avons rendez-vous avec lui à 22 heures. Si c’est aussi chaud qu’il y a deux jours, ça va être bien pour tout le monde. Pendant les quelques heures qui nous restent, nous travaillons tous les deux au plus grand succès de l’opération. Emana prend un bain pour se détendre, et aussi pour calmer ses ardeurs. Si je l’avais écoutée nous en serions encore à forniquer comme des bêtes, et moi je tiens à ce qu’elle garde son énergie pour Stéphane.

C’est fou non ? Je préfère me priver et la réserver pour un autre ! Pire, ou mieux encore : c’est moi qui la prépare soigneusement, pour ça, pour lui. Je suis son coach en quelque sorte. C’est moi, par exemple, qui la lave, comme souvent, jusque dans ses parties les plus intimes.

Elle me demande de raser sa chatte, ce que j’adore faire. Cette fois, elle veut juste le petit triangle au-dessus de la fente, rien de plus. Ça me semble très bien. Très vite son pubis est d’une douceur et d’une propreté remarquables.

Nous choisissons ensemble la tenue. Ce sera la robe noire moulante, avec une ceinture large en tapa qui affine la taille, pas de soutien-gorge, un minuscule slip blanc, des bas crème, la veste du tailleur écru. Elle ajoute à sa chaîne en or la plus fine, une grosse perle noire. Au poignet un fin bracelet, des pendants d’oreille avec également une petite perle, et c’est tout.

_ « Finalement tu ne crois pas que je devrais mettre un soutien-gorge, on voit trop les pointes de mes seins ? Qu’est-ce que tu en penses ? » _ « J’en pense que tu as raison, mais pas à cause des tétons. C’est plutôt bien qu’on les voie. Par contre si tu mets un soutien-gorge, ça fera durer plus longtemps les préliminaires. Je suppose que tu n’as pas envie de tirer juste un petit coup comme ça, en passant ? » _ « Décidément tu penses à tout, et tu es un mari fantastique », conclut-elle, avant de couvrir sa jolie poitrine de dentelle.

Elle a couvert son corps de parfum, et enchante à présent l’air sur son passage, d’une odeur suave et exotique. Elle est magnifique. Je la considère comme la déesse de l’Amour en personne.

_ « La berline de madame est avancée », lui dis-je en lui ouvrant la portière.

_ « Est-ce que je peux donner un baiser au chauffeur de maître, quand même ? » _ « Ça ne se fait pas normalement, mais je n’ai rien contre. Ce sera un secret entre madame et moi. Je n’en parlerai même pas à ton amant. » Le visage radieux de mon épouse en ces circonstances, lorsqu’elle sort pour une fête charnelle, est un trésor fantastique, mais ce soir-là les mots ne suffisent plus. Tout est stimulé chez elle par le désir : sa beauté naturelle, son esprit, son énergie, son discours, sa générosité. Tout est magnifié par le sexe. Comment pourrais-je la priver de cette part étincelante d’elle-même, en la gardant uniquement pour moi ? Notre union ne serait pas aussi étroite, ni notre passion aussi forte.

D’ailleurs je ne sais pas si elle le tolèrerait. Nous ne voulons ni elle ni moi d’une relation ordinaire.

Nous arrivons à Ollioules. Je gare le véhicule sur le même parking que l’autre soir, et nous retrouvons sans peine le petit immeuble. La porte est entr’ouverte, nous la poussons et montons l’escalier un peu raide. Sur le palier, une pause très brève. Les cœurs battent fort, le mien comme le sien certainement, et ce n’est pas d’avoir grimpé les marches… Bon dieu, quelle situation ! J’emmène ma femme, l’amour de ma vie, ma passion, l’être qui m’est le plus cher au monde… Chez ce type… Deux coups à peine à la porte, qui s’ouvre aussitôt. Le choc pour Stéphane qui ne s’attendait pas à autant de grâce et d’élégance ! Rien que ça, fait plaisir à voir. Lui-même a troqué le jean banal de l’autre fois, contre un pantalon plus habillé, et le tee-shirt de sport contre une chemise plus présentable. Il embrasse Emana sur les joues, me serre la main, et nous invite à entrer.

Nous prenons un verre en discutant de choses et d’autres. Sur la table et près du lit, il a mis un petit bouquet de fleurs des champs. Charmante attention. Je ne sais pas si ma femme l’a remarqué, parce qu’elle le dévore des yeux, quasiment. Elle lui caresse déjà le dessus de la main du bout des doigts. Il est un peu gêné vis-à-vis de moi. Alors je le mets à l’aise.

_ « C’est elle qui a voulu revenir ce soir. C’était très bien avant-hier. Elle était ravie de notre soirée. Et moi tout autant, pour être franc. » Je lui explique notre conception du couple, le sens de nos rencontres coquines, ce que nous attendons. Je vois qu’il poserait bien une ou deux questions mais il n’ose pas, et de mon côté je n’ai pas envie de révéler tous les mystères, ni de me faire trop présent. Je n’ai même pas envie de le rassurer sur d’éventuelles limites, sur des tabous à ne pas transgresser. Ce n’est pas à moi de lui dire ce qu’il peut faire ou pas, avec elle. À lui d’explorer. À elle de décider. À moi  de consentir. De gré ou pas… Il demande au moins le pourquoi des photos. Je réponds que nous aimons, tous les deux, garder des souvenirs de nos séances, que cela alimente notre propre sexualité, que la confidentialité est garantie, qu’enfin, hormis celui de mon épouse, je ne prends jamais de visage, surtout pas celui de nos partenaires. Tout est rigoureusement exact. En fait je ne m’intéresse qu’à Emana. Même lorsque je filme une bite en train de la limer, c’est son corps qui s’ouvre et se donne que je veux voir, capturer, immortaliser. C’est sa jouissance que je veux capter sur son visage. C’est un défi au temps qui passe, qui pourrait nous faire perdre ces bonheurs fugaces. C’est enfin l’expression de notre plus parfaite complicité.

Il se demande sûrement davantage, de son côté, pourquoi j’accepte de prêter mon épouse, une femme aussi belle, à d’autres hommes, à lui en particulier ; et probablement aussi, jusqu’où il peut aller dans sa possession. Mais il n’ose pas. J’ajoute seulement cette phrase, à comprendre comme il veut :

_ « Je tâche toujours d’être le plus discret possible, de laisser le plus de liberté à ma femme et à son compagnon. » Emana se lève de table et demande si elle peut utiliser les toilettes. Il s’agit surtout de ne pas prolonger indéfiniment la conversation, qui n’est pas vraiment sa priorité.

Quand elle revient, elle se place tout de go derrière lui, et passe la main sur son épaule. Il lui sourit, un peu gêné. J’en profite pour m’éloigner un peu et préparer mon matériel, tout en gardant un œil sur ce qui se passe.

Elle le prend dans ses bras et dépose un baiser sur ses lèvres. C’est parti.

Stéphane se retourne alors, se lève, prend le visage d’Emana dans ses mains, et l’embrasse à pleine bouche. Son désir vient de rencontrer celui de ma femme. Manifestement ce n’est pas une petite baise ordinaire qui s’annonce, mais une belle joute amoureuse.

Fort heureusement, cette fois la lumière de la salle à manger est plus forte que l’autre soir, et une lampe éclaire aussi l’alcôve où se trouve le lit. Mes qualités de voyeur et de photographe en seront facilitées.

Emana et Stéphane sont assis sur le bord des draps, ils s’embrassent toujours. Les mains commencent à explorer. Elle, le torse, à travers la chemise dont elle a fait sauter des boutons. Lui, les seins, à même la robe. Les vêtements tombent l’un après l’autre, libèrent peu à peu les corps en émoi.

Emana est très vite torse nu, le visage de son amant entre les seins. Il en soupèse un, dont il pince délicatement le téton, avant de passer sa langue dessus. Emana gémit. Je frémis d’aise.

Il défait le chignon de ma belle, fait tomber ses longs cheveux sur les épaules et la bascule soudain sur le lit. Il admire alors les gros seins lourds et se met à les masser affectueusement. Quand elle est ainsi sur le dos, dans cette position, ils roulent sur le côté, gardant tout leur volume. Stéphane se lâche, il la tête furieusement à présent. Elle s’abandonne à ce plaisir quelques instants, avant de prendre à son tour la direction des opérations. Elle le couche avec une autorité douce sur le dos et retire d’un trait  son ceinturon. Elle fait ensuite sauter prestement tous les boutons de la braguette et dégage la verge en furie. Le gland me paraît plus gros que l’autre fois. Il a une belle couleur, entre le beige et le violet. La tige n’est pas très longue _ un peu plus que la mienne quand même _ mais le diamètre est fort. Emana prend l’objet en main et le masturbe. C’est lui à présent qui gémit, tout doucement. J’ai l’impression qu’il n’en faudrait pas beaucoup plus pour qu’il jouisse, prématurément.

Mais Emana est adroite, elle connaît son affaire. Pas question de sacrifier sa propre jouissance à quelques brèves caresses, même si elle désire ardemment donner du plaisir à son partenaire. Elle cesse la masturbation pour retirer définitivement le pantalon et le caleçon. Elle retire également ce qui lui reste de vêtements et de décence.

Je regarde et photographie les deux jeunes corps, nus et enflammés par le désir. Ils sont beaux tous les deux. Stéphane est plutôt petit mais râblé, sportif. Pas trop. Son membre, actuellement dans les meilleures dispositions, est bien proportionné, d’une forme régulière, courbé comme un sabre. Ses testicules sont gros, lourds, avec une faible pilosité.

Je shoote comme un fou cet édifiant et adorable spectacle.

Il est courbé sur elle, à genoux comme en prière, lèche les seins puis le ventre, descend jusqu’au pubis. Il n’ose pas mener sa fouille jusqu’à la fente. Peut-être voulait-il me demander l’autorisation pour cela, tout à l’heure ? Je la lui aurais volontiers accordée, car il n’y a pas de tabous : tout ce qu’elle accepte je le veux, et tout ce qu’elle veut je l’accepte aussi.

Il remonte alors vers la bouche de mon épouse, qu’il baise longuement. Je vois les langues se mêler, sortir parfois, se retrouver, se déchaîner. Ils font très, très bien l’amour ensemble.

Elle aussi avait envie de cette caresse si intime. Elle se met à califourchon sur lui, remonte jusqu’à son visage et lui présente sa fente. Il tente quelques coups de langue. Pas assez ! Elle assied littéralement sa chatte sur la bouche, le forçant à sucer. Son nez est dans les odeurs les plus privées, sa bouche goûte les sucs les plus délicieux.

Je suis aux anges, comme eux.

Elle retourne à son pénis qu’elle finit de préparer au coït. Je connais parfaitement son mode opératoire. Elle commence presque toujours par de petits bisous qui agacent le plus réservé. Elle les dépose sur la tige, sur le gland, sur le méat. Puis elle lèche les mêmes, prend juste le bout du gland entre ses lèvres, aspire doucement, puis enfourne toute la bite qu’elle se met à lécher. Elle s’interrompt de temps en temps pour masturber tout en prenant les couilles en bouche. Parfois sa langue s’égare jusqu’à l’anus. Certains n’aiment pas, moi si.

Elle est très experte en fellation, et sait avec un grand art, éviter une conclusion dont elle n’aurait pas décidé du timing.

En ce moment, je comprends que son but est de préparer au plus vite la pénétration. D’ailleurs Stéphane ne veut plus attendre non plus. Il fait mine de se redresser mais c’est Emana qui commande toujours, provisoirement. Elle le chevauche encore une fois et lui offre ses seins qu’il pelote et tête ardemment.

Elle abandonne tout à coup et s’allonge sur son torse. Je m’approche pour ne rien perdre de ce qui va suivre.

Le caméscope que j’ai posé tout à l’heure sur la table, travaille en plan large. Mon appareil photo me permet des vues plus rapprochées.

J’observe avec délices la croupe de mon épouse, largement ouverte, prête. Son anus est dilaté, ravissant. Il palpite de désir. Je vois alors la main de Stéphane saisir sa verge et la frotter contre la vulve mouillée d’Emana. Il l’enduit de cyprine pour mieux s’introduire. Il cherche le passage… Soudain Emana tourne son visage vers moi, et je réalise aussitôt l’inédit de la situation. Il manque un détail, qui m’avait échappé, dans l’excitation générale. Son regard est interrogatif, vaguement inquiet. Elle me parle d’un haussement rapide des sourcils. Chez elle cela équivaut à une question. Je comprends qu’elle me demande, en clair :

_ « Qu’est-ce que je fais ? »

Eh oui, il se présente devant son vagin sans préservatif !

Nous ne pratiquons pas habituellement notre religion dans ces conditions.

En fait, elle n’a pas peur, elle réclame juste mon approbation, mon consentement. Je suis son guide, son mentor, même en pareille circonstance. Cela me rend fier.

Il faut se décider vite, car il a trouvé, et déjà le gland ouvre la voie. Quelques fractions de seconde pour choisir : leur envie mutuelle, ou la sécurité. C’est vite choisi. J’incline brièvement la tête et elle m’oublie aussitôt. Le gland disparaît dans le sexe de ma femme, qui gémit, de façon inhabituelle, et le reste suit tout entier. Quelques instants il reste au fond d’elle, sans bouger, en maître. Cette femme, la mienne, il la possède désormais complètement.

Moi, je viens de la donner, intégralement.

Une simple pénétration avec préservatif est somme toute assez banale. Elle n’engage à pas grand-chose. Certes un homme connaît mon épouse dans son intimité. Il voit son corps, la caresse, baise sa bouche, touche son sexe, introduit le sien dans son ventre _ toutes choses dévolues ordinairement à un seul partenaire officiel ; théoriquement réservées. C’est déjà beaucoup pour une majorité de couples, à preuve l’émotion que je ressens toujours à regarder ce spectacle. Mais il y a toujours la barrière du préservatif, qui fixe à nouveau une limite, un frein, un tabou, alors qu’on a décidé de dépasser tout cela précisément.

Inversement, le renoncement à cet indispensable accessoire de la sécurité, est une libération ultime, qui amplifie considérablement à la fois les plaisirs physiques, et ceux, plus intellectuels, qu’apporte le sentiment de briser les interdits.

Le plaisir est effectivement presque toujours dans le franchissement de l’interdit.

Dans l’instant, ma femme se donne sans réserve à cet amant, qui connaît d’elle le contact ultime. Ils partagent leurs sécrétions les plus personnelles. La cyprine de l’une va recevoir le sperme de l’autre.

Stéphane soulève son bassin pour enfoncer sa verge le plus profond possible. Il imprime un mouvement dont le rythme s’accélère, puis retombe, et reprend encore de la vitesse. C’est tendre ou violent, alternativement. J’entends claquer les corps l’un contre l’autre. Je vois la peau fine du vagin former un gant amoureux autour du membre, et le caresser à chaque passage, dans un sens comme dans l’autre. Les testicules puissants battent ardemment la vulve. Ils me paraissent encore plus gros que tout à l’heure. Les petits cris de l’une répondent au souffle âpre de l’autre. Le con et la bite sont tout luisants.

Je me tiens à cinquante centimètres, pas plus, de leur joie. C’est aussi la mienne.

Emana s’est redressée, cambrée. Les seins pendent de tout leur poids, fiers. C’est elle maintenant qui donne des coups de rein, d’avant en arrière sur la queue qui la pénètre. Elle se soulève parfois et retombe violemment sur l’objet délicieux qui est en elle. De plus en plus vite. Elle est déchaînée. Je la reconnais à peine. Ses cheveux s’étendent en désordre au creux de son dos, qui ruisselle. Ce n’est plus ma femme, ce n’est plus la maîtresse de l’autre. Ce n’est pas une putain. Ni celle qui prend, ni celle qui est prise. Elle est simplement chienne, affamée, assumée. Plus aucune pudeur :

_ « Oui, oui, oui ! » répète-t-elle inlassablement, sans la moindre vergogne.

Je suis aux anges, mais aussi au supplice.

Comme elle est bien, dans ses bras. À lui. Combien il lui donne de plaisir. Comme elle se donne à un autre. Comme elle est libre… Comme je suis insignifiant à côté d’elle, de sa beauté éclatante, de sa soif extraordinaire d’amour et de sexe ! Elle est à moi. Mais elle n’est pas à moi… Et puis elle se tait, soudainement, se mord les lèvres qui deviennent livides. Ses paupières se crispent douloureusement. Elle ne bouge plus, ou presque : à peine un léger mouvement latéral puis circulaire du bassin, sur le pivot puissant qui la tient et la satisfait. Sa tête s’incline. Elle est soumise, par un orgasme d’une rare intensité, à cet amant qui l’a eue, et par la honte maintenant, cependant délicieuse, d’en avoir tant fait, devant témoins… Je ne m’en suis pas rendu compte, tant j’étais fasciné par la jouissance de ma compagne, mais Stéphane est totalement immobile, comme endormi, toujours la queue au fond du vagin de ma femme. Un filet poisseux et luisant coule lentement sur ses couilles… Ils se sont unis aussi dans l’orgasme.

Mon cœur et mon esprit défaillent. C’est beaucoup trop d’émotions, plus que n’en peut supporter un homme… Emana pose ses seins épuisés sur le torse du vainqueur, et cache son visage dans son cou. Ils dorment quelques secondes ensemble.

Je fais encore quelques prises de vue pour ne rien perdre de ce spectacle magnifique, qui continue, même après la paix revenue. Les muscles se relâchent, les cœurs reprennent une cadence supportable, la chaleur se dissipe et répand dans toute la pièce une âpre odeur de stupre et de fornication.

Emana sort enfin de sa torpeur. Elle se détache de la verge encore mollement en elle, et se lève promptement. Elle file comme une biche sautillante jusqu’à la salle de bain. J’admire ces pieds délicats, ce corps nu et cette croupe généreuse, comblée, qui s’éloignent prestement. Le jet de la douche fuse. J’aperçois, ravi, le long du passage de ma muse des gouttes translucides, qui luisent faiblement sur les tomettes… Stéphane somnole. Peut-être fait-il semblant. Pour ne pas me rendre des comptes. Il ne peut pas savoir que je suis simplement content de lui. À moins qu’il n’ait un peu honte lui aussi. C’est bon parfois d’avoir honte. Emana a honte. J’ai honte. Stéphane a honte. Chacun pour ses raisons. Et ce n’est pas désagréable pour autant. Nous sommes liés par des sentiments forts, tous les trois. N’est-ce pas une belle relation humaine qui nous a unis, au moins ce soir-là ?

Nous nous sommes rencontrés, nous avons partagé des moments de nos vies, qui resteront un souvenir important jusqu’à la fin. Parce que personne n’a fait de mal aux deux autres, bien au contraire, parce qu’il n’y a eu dans tout ça aucune manière de prendre sans donner aussi. Parce qu’enfin Emana revient, rassérénée, avec un visage rayonnant. Elle s’avance, parfaitement nue, assumée et merveilleuse. Le regard qu’elle me jette est tranquille, un rien provocateur. Elle hausse brièvement ses sourcils en ma direction. À Tahiti c’est un langage. On se parle souvent comme ça, sans qu’il y ait besoin de longues phrases. Je comprends tout ce que ce signe, invisible aux autres, exprime… Stéphane, qui a fini par se lever et s’habiller prestement, nous rejoint. Il s’assied en face de moi à la table. Il est penaud, dans l’attente de quelque chose. Emana prend ma main et la porte à ses lèvres. Elle dissipe définitivement le trouble de Stéphane en prenant aussi la sienne, qu’elle serre très fort dans ses doigts. D’instinct nous nous levons tous les deux, réconciliés sans avoir été ennemis, et nous la prenons en même temps dans nos bras, tout en déposant un baiser sur sa joue. Lui, la droite ; moi, la gauche. Lui, la tient par la taille ; moi, par les épaules. Dans le mouvement, l’amant frôle le mari, le mari l’amant. Nous sourions tous les trois.

Il est le roi des amants. Elle est la reine de l’Amour. Je suis le roi des Cocus. Magnifique !